Au début de notre relation, je me sentais tellement aimée et en sécurité avec lui. Lorsqu’il manifestait de la jalousie, je croyais à une preuve d’amour. Peu à peu, cette relation s’est refermée sur moi comme un étau. Il m’aimait encore, mais je n’avais plus le contrôle sur ma vie, j’étais si confuse que je me suis mise graduellement à disparaître.

Il me donnait tout ce que je voulais, mais me rappelait constamment que grâce à lui, je pouvais si bien vivre. Je lui devais donc tout.

Son contrôle a commencé par des commentaires négatifs, me laissant croire que j’étais incompétente. Tout était sujet à ses critiques, mon habillement, ma cuisine, l’argent, ma famille, mes amies, ma façon d’élever les enfants, etc. Peu importe les efforts que je faisais, rien ne le satisfaisait. Quand j’essayais de parler avec lui de nos difficultés, il me répétait toujours que je passais mon temps à imaginer des problèmes partout!

Un jour, j’ai vraiment eu peur qu’il me frappe, il a même menacé de me tuer. Je me suis réfugiée dans ma chambre en me demandant si je devais appeler les policiers. Il est venu me voir, il a pleuré, s’est excusé et a promis de ne plus recommencer. Les jours suivants ont été si merveilleux, j’ai vraiment cru qu’il était redevenu l’homme que j’avais connu. Tout était parfait.

Quelque temps après, en revenant du travail il a empoigné notre garçon très violemment parce qu’il avait trébuché sur sa bicyclette qui traînait dans l’entrée. Quand j’ai vu la terreur dans les yeux de mon fils, j’ai paniqué.

J’ai compris que mes enfants aussi étaient terrorisés par lui. Dans ma tête, il n’y avait que deux solutions, le cimetière ou l’asile. D’ailleurs il m’avait dit tellement souvent que j’étais folle et que si je le quittais, je ne reverrais plus les enfants.

Il menaçait constamment de se suicider. Après avoir mis tant d’énergie pour lui plaire et voyant que j’étais incapable de l’aider, je suis allée consulter. Je voulais tellement le sauver. Toutefois, cette démarche m’a menée vers une tout autre issue. J’ai ainsi réalisé que je vivais de la violence et que nous étions en danger. J’ai donc pris la décision d’aller en maison d’hébergement.

Ça été ma bouée de sauvetage, sinon je serais encore là à vivre mon drame quotidien. J’y ai rencontré d’autres femmes qui vivaient la même chose que moi et qui voulaient que ça cesse. Moi qui me pensais seule à vivre ça. Je me suis sentie écoutée et respectée par les intervenantes qui m’ont beaucoup aidée à m’en sortir. Grâce à elles, j’ai choisi de m’offrir une vie sans violence.

Une maison d’hébergement, ça ressemble à notre maison, la violence en moins. Depuis ce temps, je réapprends à vivre, à me respecter et à m’aimer. Maintenant, je sais que je n’étais pas responsable de la violence de mon conjoint.

Loulou, ex-hébergée à la Maison Halte Secours

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